sylvie guillermin directrice artistique
De la danse sur perche à la peinture, des voyages internationaux aux explorations musicales, voilà 35 ans que Sylvie Guillermin trace les contours d'un univers artistique singulier, ancré dans l’art chorégraphique et le cirque. La compagnie entretient un lien étroit avec les territoires traversés et ses habitants : résidences longues, projets avec des enfants et des adultes amateurs, spectacles professionnels d’envergure internationale... Elle confirme sa capacité à développer les interactions entre création et territoire, nécessaires à tout projet artistique ouvert sur le monde.

Avec 35 ans de Compagnie et 28 créations à son actif, Sylvie Guillermin a su construire un univers artistique singulier en suivant des itinéraires pluriels. Depuis son premier solo sur perche lisse, elle a été pionnière dans une technique de danse verticale qui a ouvert la voie à maintes recherches artistiques. Le style de Sylvie Guillermin s’ancre dans cette danse sculptée par la relation avec l’agrès. La verticalité revient dans nombre de ses créations et elle est souvent associée à des thématiques fondatrices de sa poétique, telles que l’exil, l’enfermement, la solitude, la rencontre : en incessants va-et-vient entre le monde d'en haut et d'en bas, entre le rêve et la réalité, la chorégraphe transcrit dans son œuvre toute la difficulté de l'homme à assumer sa condition. Dans ses différentes pièces la perche devient tantôt une barrière, qui enferme ou entrave, tantôt un refuge, métaphore d’un isolement souhaité, pour s’éloigner d’un monde brutal ou pour se défier soi-même. Ce travail sur agrès a amené Sylvie Guillermin à rencontrer le milieu circassien et à collaborer en tant que formatrice ou créatrice avec des structures de cirque comme la Cie Archaos, et plus récemment avec l’École nationale de cirque Shems’y au Maroc.

La passion de Sylvie Guillermin pour les voyages et son travail en itinérance sont un autre axe fondamental de son parcours. La Finlande, Singapour, l'Île de la Réunion, la Chine ont accueilli le temps d’une saison la chorégraphe et lui ont permis de rencontrer d’autres artistes, d’autres cultures… C'est surtout au Vietnam qu’elle développe une collaboration de longue durée comme au Maroc depuis 2009. Elle accompagne de jeunes circassiens marocains dans leur professionnalisation, en les intégrant, après l’obtention de leur diplôme, dans ses créations telles que «Ondes» ou «Birds sur la branche».

Si le cirque est devenu une discipline centrale, d’autres formes d’art sont intervenues dans le parcours de la chorégraphe. La peinture de Maurice Jayet, les textes de Norge, Ponti, Chalamov, Tahar Ben Jelloun, ou des textes écrits par elle-même comme dans son dernier solo « Pièce à vivre » ; mais c’est surtout la musique qui a porté le processus de création de plusieurs œuvres de Sylvie. Des collaborations avec des musiciens d’univers différents, aux pièces en hommage à des grands musiciens comme Sibelius, Stravinsky (le Sacre du Printemps) et Charlie Parker, Sylvie Guillermin, mélomane affutée, n’arrête pas d’enrichir son œuvre de compositions originales. Avec “Birds sur la branche” et “Dérapages”, elle expérimente également des dispositifs numériques, comme pour sa prochaine création “Les Désaxés”.

La Compagnie a toujours mis un point d’honneur à mettre en relation son travail de création avec un volet de sensibilisation dense. Depuis de nombreuses années, Sylvie et son équipe dispensent chaque année des centaines d’heures de sensibilisation, rencontre, débat et formation en milieu scolaire, auprès des professionnels ou en direction de publics particulièrement éloignés de la culture. Pour les plus petits, la chorégraphe a également créé « Tempête en cuisine », solo jeune public qui a rencontré une large diffusion et succès. Au cours de ces dix dernières années, elle a également développé un dispositif de résidence au cœur des établissements scolaires qu’elle a su adapter à tous les niveaux d’enseignement, de la primaire au lycée. La Compagnie s’est également structurée et développée autour de projets de territoires cohérents et d’envergure, avec des partenaires privés et publics. Des projets qui ont mis au cœur la création avec les amateurs, débutants ou initiés, comme pour « Tillana » avec la participation de l’ensemble musical crollois ; le « Bal chorégraphié », dispositif ludique composé d’ateliers suivis d’une soirée festive ; ou, à cinq reprises, le Défilé de la Biennale de la Danse de Lyon rassemblant des milliers de personnes – artistes amateurs, professionnels et public - dans un grand moment de danse et partage.